Open data, open mind: l’exemple d’Helsinki

Depuis 2011, la ville de Helsinki  a conduit une offensive tous azimuts en matière de transparence et d'open data, ouvrant plus de 1000 sets de données au public. Elle s'est alliée pour cela aux 3 municipalités voisines Espoo, Vantaa et Kauniainen, afin de rassembler un panel de données donnant une entière impression de cette métropole de 1.5 million d'habitants (l'équivalent de la métropole de Lyon).

Parmis les données mises en libre accès par la ville, on retrouve l'état du traffic et des transports urbain en temps réel ainsi que les mesures météorologiques et de pollutions sonores, les consommations énergétiques des bâtiments publics, des données socio-démographiques sur la population ou comment est dépensé l'argent de la ville. Il est même possible de suivre l'activité des déneigeuses en temps réel et savoir si elles sont passé aujourd'hui devant le pas de notre porte.

Depuis Novembre 2016, Helsinki a même rendu disponible et librement utilisable deux maquettes numériques 3D couvrant la ville entière:

Afin de promouvoir l'utilisation de ces modèles de données, des 3d city model hackatons sont maintenant organisés.

Modèle haute résolution de Helsinki - source : Ville de Helsinki

En charge de la gestion et publication de ces données pour les 4 municipalités partenaires, l'agence Helsinki Region Infoshare a dévéloppé des API standardisées pour faciliter l'utilisation de ces open data. De plus, elle ouvre ses bureaux toutes les 2 semaines aux intéressés pour présenter les nouveaux sets de données disponibles, discuter avec les utilisateurs et écouter leurs demandes. De son côté, la ville d'Helsinki encourage avec ferveur la communautés des développeurs d'applications mobiles, chercheurs et journalistes à exploiter ses données, détaillant où trouver quelles données sous quel format, via son portail Dev.hel.fi. Elle soutient de plus les bonnes initiatives et donne à l'occasion un coup de pouce.

Mais pourquoi tant d'efforts à vouloir absolument partager ses données, alors que celles-ci se monnayent au même moment à prix d'or au coeur de la Silicon Valley.

Helsinki - source: Jens Passoth

"Ouvrir ses données au public peut faire économiser de l'argent à une commune, par exemple en affichant de façon transparente ses coûts ou en laissant les autres visualiser et analyser ses dépenses" raconte Tanja Lahti, directrice de Helsinki Region Infoshare. Ce partage de données et de savoir est aussi une mine d'or pour les sociétés IT locales, qui développent des applications mobiles liées aux bases de données de la ville. Ilkka Pirttimaa a ainsi développé  l'app BlindSquare pour aider les aveugles et mal-voyants dans leur vie quotidienne. Cette app indique le chemin vers le prochain arrêt de tram, communicant l'heure du prochain tram, si celui-ci est en retard et de combien de minutes. L'app connait aussi  les bibliothèques qui proposent des livres en braille, et orientera son utilisateur au fil des étages (le plan intérieur ayant été digitalisé par la ville) pour trouver le bon livre au bon rayon, ou éventuellement aller aux toilettes les plus proches entre deux chapitres.  Les aveugles d'Helsinki sont devenus avec cette app beaucoup plus indépendants, certains même guident leur labrador!

L'open data booste aussi  la démocratie participative, les citoyens étant à tour de rôle  consommateurs et contributeurs volontaires de cet échange de données. Ils peuvent ainsi facilement notifier à la mairie un matériel défectueux ou une dégradation dans leur rue, prenant une photo avec leur smart phone et la postant sur l'app Fix-my-street accompagnée d'un court commentaire. Généralement, les agents de la mairie interviendront dans les jours qui suivent.

Cette ouverture des données représente un changement culturel important. Elle est à l'heure actuelle dans beaucoup d'autres pays impossible. Cependant, il ne faut pas croire que la Finlande est un état laxiste en terme de protection des donnée ou respect de la sphère privé, au contraire: Toutes les données publiées doivent avoir été anonymisées. De plus, toute personne manipulant ces données a reçu une formation de droit de la personne et droit d'auteur. Peut-être est-ce aussi une question d'ouverture d'esprit...

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